Politique of Thursday, 19 July 2018

Source: La Détective N° 1050

Présidentielle d'octobre: un boulevard s’ouvre au RDPC

Paul Biya se présente encore à la présidentielle après plus de 36 ans de règne Paul Biya se présente encore à la présidentielle après plus de 36 ans de règne

Njiki Fandono Les alliés du parti au pouvoir se multiplient à moins de trois mois de la présidentielle, sous le regard impuissant des ténors de l’opposition, qui évoluent en solitaire, aux côtés des candidatures d’ambiance. Sans le fameux «tireur de pénalty».

A peine programmé, le match politique de l’année au Cameroun montre des couleurs, à travers des acteurs qui livrent au public un échauffement des plus loufoques. Certains, conscients de leur incapacité indiscutable à remporter la partie face au président Paul Biya, candidat à sa propre succession, ont décidé de se muer en supporters de l’Homme Lion, scellant des alliances avec le parti au pouvoir.

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Ces partis politiques appellent simplement à voter pour Paul Biya le 7 octobre prochain. L’on retrouve dans la liste des alliés au RDPC, l’aile gouvernementale du parti historique, l’ Union des Populations du Cameroun (UPC). Selon l’honorable Bapooh Lipot Robert, secrétaire général du parti du crabe, le peuple camerounais a besoin «d’un homme courageux, sage et expérimenté, à même de s’opposer à la volonté d’accaparement des richesses développée par certaines officines dont les satellites se trouvent dans certains partis politiques au Cameroun». Cet homme, poursuit le parti historique de Ruben

Um Nyobe, «qui est devant la sub- lime porte de l’histoire de l’huma- nité, et qui peut mieux rassurer le peuple camerounais : c’est le prési- dent Paul Biya».

Le Mouvement écologiste du Cameroun (MEC), ne pense pas autrement. Pour la présidentielle à venir, le MEC choisit le candidat du RDPC. Une alliance motivée par le «bilan économique de Paul Biya, à travers sapolitiquedes Grandes réalisations». Laquelle politique a déjà porté ses fruits à travers la construction du deuxième pont sur le Wouri, des barrages de Mekim, Memve’ele, Lompangar et bientôt Nachtigal, entre autres. S’agissant de la crise anglo- phone, le MEC considère Paul Biya comme la solution.

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La majorité présidentielle en rangs serrés
Le Mouvement pour la libération et le développement du Cameroun (MLDC), s’aligne également derriè- re l’homme du 6 novembre 1982. Au cours d’une réunion du MLDC tenue à Edéa le 16 juillet dernier, le parti de Marcel Yondo a pris la déci- sion de ne pas engager la course vers Etoudi, mais de soutenir Paul Biya le 7 octobre prochain. Pareil pour le Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC). Le parti d’Issa Tchiroma Bakary estime que «le pré- sident Biya est ce dénominateur commun accepté par les musulmans et les chrétiens, par les Camerounais du Nord et du Sud, de l’Est à l’Ouest. Il est également un gage et garant pour tous les investisseurs parce qu’il a réussi à travers des zones de turbulence».

Issa Tchiroma, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, pense que «pour tou- tes ces communautés de manière générale, le président Biya est l’hom- me qu’il faut à la place qu’il faut. Son œuvre reste encore aujourd’hui inachevée. C’est nécessaire que la nation lui renouvelle son bail pour qu’il continue à parfaire ce qu’il a déjà fait énormément». Il faut ajou- ter à cette liste de partis politiques acquis d’emblée au candidat Paul Biya, l’UNDP de Bello Bouba Maïgari, mijistre d’Etat, ministre du Tourisme et des loisirs, ou encore le MDR du sénateur Dakollé Daïssala.

Entretemps, ce qui peut être consi- déré comme «l’aile dure» de l’op- position camerounaise, effectue un vol solitaire vers le Palais d’Etoudi, après avoir tenu longtemps en haleine l’opinion sur l’hypothèse d’une candidature unique face à Paul Biya. L’égoïsme a finalement pris le dessus, au point de mettre en touche l’i- dée d’un «tireur de pénalty», qui allait débarquer Paul Biya de son fauteuil. Le candidat du RDPC, au pouvoir depuis 36 ans bientôt, avec le sou-

tien de ses alliés, mène au score avant même le début du match, face à une opposition qui a déposé son dossier de candidature en rangs dispersés. Aucune coalition, ni alliance, entre Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du Pr. Maurice Kamto ; le mouvement NOW d’Akéré Muna, le Social Democratic Front (SDF) amené par Joshua Osih ; l ’ Union Démocratique du Cameroun (UDC) du Dr. Adamou Ndam Noya ; le Mouvement Progressiste (MP) de Jean Jacques Ekindi ; le Mouvement 11 millions de citoyens de Cabral Libi Lii Ngué, entre autres.

Business et opportunisme politiciens
Un boulevard s’ouvre donc à Paul Biya, sur une route bien soignée, tracée et marquée aussi bien par les leaders de l’opposition que par la kyrielle des candidatures d’ambiance, déposées sans grande conviction à Elecam. Car comment comprendre que des personnes et des formations, absentes du jeu poli- tique national depuis des lustres, se pointent à quelques mois du scrutin présidentiel, avec l’illusion et la fourbe prétention de remporter l’élection ? Comment qualifier ce type d’improvisation, si ce n’est du business politique pur, doublé d’opportunisme politicien, où seul le retour sur investissement importe ?

Au peuple d’en apprécier la pertinence ou l’impertinence, car la situation sociopolitique et sécuritaire actuelle du Cameroun impose un minimum de sérieux à cette élection présidentielle déterminante pour l’avenir du pays.

Dans le Septentrion, notamment à l’Extrême-Nord, le Cameroun depuis cinq ans, essuie les attaques du grou- pe terroriste, Boko Haram, sans compter les coupeurs de routes dans le Nord et l’Adamaoua. La région de l’Est quant à elle, a du mal avec ses frontières, violées par des bandes armées et groupes de rebelles en provenance de la RCA. Cerise amère sur le gâteau, la guerre ouver- te dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, entre les forces armées nationales et les milices sécessionnistes acquises à la cause indépendantiste de cette partie du pays.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, le choléra a refait surface dans le Nord, où au moins cinq morts ont été enregistrés. Bien évidemment, les candidats retenus au terme du toilettage des différents dossiers déposés à Elecam, auront l’occasion de vendre leur projet de société aux Camerounais au mois de septembre, lors de la campagne électorale, mais il va sans dire que bien de secteurs sensibles de la vie nationale présentent un triste visage.
Un véritable pain sur la planche pour le futur président.